L’hydrogène vert au Maroc: Transition juste ou écoblanchiment néocolonial?



(Le cas de Guelmim-Oued Noun)

La forte dépendance du Maroc aux combustibles fossiles importés, qui représentent plus de 90% de ses besoins énergétiques, rend la sécurisation des approvisionnements énergétiques domestiques essentielle. Cependant, les plans du pays visant à exporter plus de 70% de sa production d’hydrogène vert vers l’Europe d’ici 2050 soulèvent des interrogations quant à cet engagement.

Dans la région semi-aride de Guelmim-Oued Noun, au sud-ouest du Maroc, une transformation majeure est en cours. Historiquement soutenue par l’agriculture et l’élevage, cette zone est désormais mise en avant comme un centre d’hydrogène vert, principalement pour répondre aux besoins énergétiques de l’Europe. Des entreprises européennes se lancent dans des projets d’envergure, soulevant d’importantes préoccupations liées à l’influence néocoloniale, au développement inégal et aux dynamiques géopolitiques complexes.

Présentée comme une évolution énergétique durable et une opportunité de développement pour le Maroc, la réalité de l’hydrogène vert nécessite un examen minutieux. Cette étude de cas explore les implications géopolitiques masquées par la rhétorique prometteuse de l’hydrogène vert au Maroc. Sous cette façade éco-moderne se dissimule une alliance stratégique entre des entités européennes, des géants corporatifs et des élites marocaines.

La course vers l’hydrogène vert comme solution énergétique mondiale présente des défis complexes, souvent au détriment des communautés locales et des écosystèmes. Les préoccupations concernant la propriété foncière et l’accès public à l’eau deviennent de plus en plus pressantes. De plus, les problèmes de transparence, perpétués tant par l’appareil politique de l’État que par les entreprises privées, compliquent encore la situation.

Principales Constatations :

  1. Les stratégies marocaines en matière d’hydrogène vert sont fortement influencées par les intérêts européens, mettant en évidence des préoccupations liées à l’influence néocoloniale, au développement inégal et aux dynamiques géopolitiques complexes.
  2. Le développement de l’hydrogène vert au Maroc implique une interaction complexe entre l’État, les élites locales et le capital international, soulignant la nature lucrative de la transition énergétique.
  3. La nature orientée vers l’exportation des projets d’hydrogène vert au Maroc a d’importantes implications économiques, étant donné leur dépendance à la volatilité du marché et à la demande externe.
  4. Les projets d’hydrogène vert à grande échelle au Maroc marginalisent les communautés locales et les écosystèmes, soulevant des inquiétudes concernant l’utilisation des terres, les ressources en eau, le développement local et le déplacement des communautés locales.
  5. Les problèmes de transparence et la marginalisation des voix locales dans les processus décisionnels sapent la nature démocratique de la transition énergétique.

La transition énergétique au Maroc doit revoir ses approches, visant non seulement le changement mais aussi un avenir énergétique durable fondé sur les principes de justice, d’équité et de durabilité environnementale. Une transition énergétique durable et juste nécessite une approche réfléchie et inclusive qui remet en question les structures énergétiques existantes et les reconstruit. Ce processus devrait impliquer les communautés locales et donner la priorité à la justice et à l’équité pour les personnes avant le profit.

Ali Amouzai et Ouafa Haddioui

Lire l’étude sur le lien

*Cette étude a été traduite de l’Arabe et vous pouvez lire la version arabe à partir du lien.

*Vous pouvez également lire la version Anglaise sur le lien