Un tremblement de terre dévastateur a frappé le Maroc dans la nuit du vendredi 8 septembre, provoquant d’énormes dégâts dans la région d’Al Haouz, dans le Haut Atlas, ainsi que dans les villages des provinces de Taroudant et de Ouarzazate. Le bilan a été estimé à environ 3 000 morts et des milliers blessés et de sinistrés. Les pertes incluent la mort d’un grand nombre de bétail et la destruction des récoltes. L’ampleur de la catastrophe est tragique; ceux qui ont survécu sont confrontés à d’énormes pénuries de tout genre après la destruction de la totalité des vivres annuels péniblement mis en réserve par les travailleurs de ces régions.
Historiquement, les habitants des villages, notamment ceux de montagne, ont toujours été démunis et isolés. Le Maroc inutile, c’est ainsi que le colonialisme avait qualifié ces régions tout en les marginalisant. La donne n’a pas changé sous l’indépendance formelle. Le colonialisme s’était emparé des meilleures terres, il en avait épuisé les sols et les eaux, puis les avait laissées aux nouveaux colons locaux. Ce qui en était public a ensuite été privatisé pour le plus grand bonheur des grandes entreprises capitalistes.
Les petits producteurs/transformateurs de produits alimentaires se sont retrouvés sans terre et privés des droits économiques, sociaux, politiques et culturels les plus fondamentaux. La production alimentaire a été commodifiée; les grandes entreprises l’ont pliée à la logique de la maximisation des profits.
Le poids de la catastrophe est écrasant et ses effets ne se sont pas encore pleinement manifestés. Des villages entiers ont été rasés et plusieurs autres souffrent des répercussions tragiques du tremblement de terre. Il s’agit d’une cruelle tragédie qui a touché les petits agriculteurs, les éleveurs, les bergers et les populations autochtones de ces régions. Ceux-ci sont déjà victimes des politiques poursuivies depuis l’indépendance formelle et des dures politiques néo-libérales austéritaires des quarante dernières années.
Conformément à ces politiques, l’État a abandonné sa responsabilité sociale en perpétuant et exacerbant l’énorme pénurie des produits de base nécessaires pour une vie décente et décente. L’État a préféré augmenter les aides destinées aux grands agriculteurs et aux capitalistes au détriment des travailleurs villageois qui, eux, ont sombré dans un tourbillon de misère et de marginalisation.
Les Laborieux marocains poursuivent leurs initiatives de solidarité avec les victimes à travers des convois populaires apportant des vivres, des couvertures, des tentes et d’autres aides aux sinistrés. Cet élan a révélé la fausseté de la propagande officielle sur les soi-disant lutte contre la pauvreté, désenclavement des campagnes, ou encore tous les projets folkloriques portant sur le développement du monde rural.
Contrairement à ce qu’il prétend, l’État a délibérément mis en œuvre une politique pénalisant l’écrasante majorité et favorisant une minorité qui a toujours profité de la situation. Cela s’ajoute à l’orientation des finances publiques vers le remboursement des dettes et aux dépenses très généreuses consacrées aux « éléphants blancs » parasitant notre peuple qui abat de la besogne.
Nous, membres du Réseau Siyada, déclarons notre entière solidarité avec les familles des victimes du tremblement de terre au Maroc. Nous partageons leur douleur et saluons les initiatives de solidarité populaires lancées par les classes populaires du Maroc pour leur apporter soutien et réconfort.
Nous appelons également, au sein du Réseau Siyada, au lancement d’initiatives et de campagnes internationales pour soutenir les petits agriculteurs sinistrés à Al Haouz, Taroudant, Ouarzazate et dans toutes les zones souffrant des conséquences du tremblement de terre.
Nous appelons toutes les organisations militantes, aux niveaux local, régional et international, à la solidarité et à l’unité dans la lutte. En effet, l’heure est à la mobilisation. Alors que nous suivons l’état des blessés et des habitants des villages sinistrés, une lutte se profile déjà; celle pour les réparations, la reconstruction des logements, la mise à niveau des infrastructures et le dédommagement de toutes les pertes de manière à permettre aux petits agriculteurs de retrouver la stabilité.
Secrétariat Régional du Réseau Siyada
13\9\2023
(Cette déclaration a été traduite de l’Arabe).